A chaque fois que l’extrême violence touche notre pays, nous sommes tous submergés par des sentiments contradictoires. Trop vite ou trop tôt nous nous exprimons pour dire le fond de notre pensée et révéler par là ce que nous sommes. Qui sommes-nous ? Et que sommes-nous les uns pour les autres ?
Quand le 11 janvier nous nous sommes pris la main, Place de la République à Paris, quand nous nous sommes enlacés, nous avions au cœur ce sentiment très fort de nous être enfin retrouvés. Mais les semaines et les mois ont passé. Et nous nous sommes oubliés.
Le monde technologique d’internet nous donne un sentiment d’ubiquité, mais loin d’être partout nous sommes en réalité nulle part. Retrouvons-nous, regardons-nous. Réapprenons à nous sourire, à nous dire bonjour, à regarder le vivant devant soi et non sa virtualité sur le téléphone portable. N’attendons pas l’horreur qu’on voudrait nous imposer. Respectons-nous. Soyons tous importants les uns pour les autres. N’acceptons pas l’indécence d’un modèle dont l’alpha et l’oméga repose sur le culte de l’argent.
Je fais ici, avec l’humilité que m’impose la conscience de ce que je suis, une déclaration de fraternité. Ce monde est le nôtre. Il est ce qu’il est parce que nous sommes ce que nous sommes. Rêvons-le plus humain et plus fraternel. Lorsqu’aux pieds des lieux de morts les bougies seront éteintes et les fleurs fanées, il nous restera cette lumière en nous. Entretenons-là. Elle est notre seul rempart contre la barbarie.
Michel Chandelier